Une dame m’a écrit hier dans le but d’aider par son témoignage des personnes qui vivent des situations difficiles de grandes précarités financières et morales, pour qu’elles sachent qu’elles ne sont pas seules et gardent l’espoir de s’en sortir. Je me suis engagé, après avoir discuté avec elle, à rédiger et à publier, anonymement, avec son accord, dans Sainté Debout, son récit. Le voici:
Imprimeur, cette dame arrête de travailler à la naissance de ses jumelles: « Mon ex conjoint avait perçu son chômage avant de perdre tous ses droits! De mon côté, je touchais encore l’équivalent de mon salaire à ce moment là (étant en congé de maternité), puis je suis passée en congé parental, ce qui a abaissé mes revenus de 1350€ de salaire (sans aides) à 1100€ (toutes aides comprises). » Elle m’écrit: « plus la situation se dégrade, plus les banques vous enfoncent! » (Pour le vivre aussi parfois, je sais que, lorsque nous sommes dans une situation fragile et que nous nous retrouvons à découvert, nous commençons le mois suivant en payant des frais à notre banque!)
Cette dame me confie « J’ai dû me résigner à demander de l’aide à la mairie de Saint-Étienne afin d’être redirigée vers une assistante sociale. La caf à l’époque remontait deux ans en arrière pour les aides, j’avais alors un salaire complet à cette époque! Avec leurs calculs, je gagnais trop pour avoir des aides alimentaires, mais j’ai tout de même eu droit à quelques dizaines d’euros de chèques services. Tout ce que je voulais, c’était pouvoir nourrir mes enfants quitte à me priver moi-même de manger! J’avais l’impression que mon conjoint était complètement absent et, moralement, c’était très difficile! » Elle ajoute: « Dans ces moments là, on s’enfonce non seulement financièrement, mais surtout moralement. Et ça reste très destructeur au quotidien que de se dire qu’on ne peut avoir la main sur rien! J’ai calculé et cela m’aurait couté bien plus cher de faire garder mes enfants en retournant travailler que d’assurer mon congé parental. J’ai dû faire appel à de la famille afin de boucler mes fins de mois, et je me suis sentie humiliée par cette situation! »
Cette maman courageuse, malgré des baisses de moral, pour l’amour de ses enfants, s’accroche à la vie. Elle recommence à travailler, rencontre quelqu’un, quitte le père des jumelles qui n’avait jamais été présent ni pour elle ni pour ses filles et, en ramenant un salaire chez elle, regagne en assurance et « sort la tête de l’eau ». C’est une délivrance! Elle m’écrit: « Ma vie a alors changé du tout au tout, mon regard s’est ouvert au monde, aux autres. Je me suis sentie plus sensible, plus en empathie avec les personnes de mon entourage… »
Aujourd’hui, elle déclare: « mon objectif est de m’auto-suffire afin de subvenir à mes besoins, à ceux de mes enfants et à ceux de mon mari qui est handicapé moteur. » Voilà pourquoi elle et sa famille se sont installés dans une ferme, possèdent des animaux et un potager. « Nous vivons au plus proche de la nature et ne voulons plus être redevables de personne! »
Si, vous aussi, pensez que votre expérience peut aider d’autres personnes et souhaitez la partager avec les lectrices et les lecteurs de Sainté Debout, n’hésitez pas à prendre contact avec nous.