Etre radical : manuel pragmatique pour radicaux réalistes
(Alinsky 2012), c’est le nouveau titre, à mon avis plus fidèle, de l’ouvrage d’Alinsky traduit initialement « Manuel de l’animateur social » (Alinsky 1976) (disponible en ligne).
Qu’est-ce qu’un radical pour Saul Alinsky ? (extrait de Reveille for Radicals, premier livre de Saul Alinsky) : « Il veut un monde dans lequel la richesse de chaque individu soit reconnue, un monde basé sur la moralité et l’humanité (…) Un radical place les droits de l’homme très loin au-dessus des droits de la propriété. Il est en faveur d’une éducation libre, publique et universelle et considère cela comme fondamental pour la vie démocratique. La démocratie pour lui se construit en partant de la base. Le radical croit complètement à l’égalité des chances pour tous les gens, quelles que soient leur race, leur couleur ou leur religion. » ( Alinsky 1946).
Ce sociologue est avant tout un passionné de la démocratie et de l’organisation communautaire. Pour lui, le conflit fait partie de la transformation sociale « C’est en maintenant la chaudière sous pression qu’on en vient à l’action. Aucun politicien ne peut rester longtemps assis sur une question brûlante si vous la rendez suffisamment brûlante. » (Quinqueton 1989)
Alinsky, sociologue peu reconnu dans le contexte universitaire a peut-être plus de facilité avec la communication et l’organisation communautaires qu’avec une présentation théorique de ses idées. Il apparaît toutefois comme un précurseur de l’empowerment, mais aussi des mouvements des places (assembléistes) prônant la « démocratie réelle ».
« L’esprit d’Alinsky est bien vivant au sein de tous ces groupes militants actifs dans d’innombrables domaines, jusqu’au récent mouvement Occupy Wall Street.» Noam Chomsky.
Avec Alinsky l’importance est moins d’insister sur les idées (l’idéologie) que sur les comportements (l’empowerment) , cette démarche nommée « community organising » (Action Communautaire en français) est peu pratiquée dans l’hexagone. Le mot « communautaire » y étant suspect et souvent assimilé à du « communautarisme ». Le mot communautaire n’a pas bonne presse en France (à gauche comme à droite) du fait d’un certain laïcisme et jacobinisme parfois exacerbé dans un pays très centralisé. Récemment, l’invention du vocable polysémique « communautarisme » , qui certes dénonce le repli communautaire…est aussi un signe de la relégation et l’assignation que subissent les habitants des quartiers populaires. Le « nous » citoyen de la république n’est pas si facile à atteindre et les constructions collectives intermédiaires (tissus social local) ont été réduites par une société qui prône l’individualisme, la compétition et la consommation.
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Au delà du député de Picardie Debout, les Insoumis se sont mis à l’étude d’Alinsky. Ils en ont tiré une stratégie pour « l’enracinement » de leurs groupes d’appui,en 4 étapes:
- « Frapper aux portes »
- « Tisser les colères »
- « Cibler les puissants »
- « Agir nous-mêmes »
C’est tout à fait, dans la veine d’Alinsky mais cela demande un enracinement conséquent dans les quartiers, villes et villages que ce mouvement né dans un cadre d’élection présidentielle n’a pas encore.
Alinsky S 2012 Etre radical, éditions Aden (Belgique)
Alinsky s 1976 Manuel de l’animateur social ed du seuil
ALINSKY S 1946 Reveille for Radicals . 2e édition 1969, Vintage Books paperback
Quinqueton T 1989, Saul Alinsky, organisateur et agitateur, Paris, Desclée de Brouwer.