Les mains des gilets jaunes
Poème d’Alain Chauveau
Ces mains tendues vers le feu de l’amitié salvateur, allumé au centre du rond point pour réchauffer les corps de l’hiver,
Ces mains tendues vers le feu de l’amitié salvateur, souvent ridées, féminines, jeunes, solidaires et se frottant pour encore plus de chaleur,
Ces mains fermées en poing parce que la tête est en colère, le coeur rempli autant de peine que d’espoirs,
Ces mains fermées en poing au bout de bras dressés lors de marches revendicatives et criantes de rage,
Ces mains serrant d’autres mains d’autres gens en peine, en colère, en espérance,
Ces mains serrant d’autres mains comme celles de naufragés qui prennent le risque de la noyade pour de la solidarité,
Ces mains arrachées par une violence incompréhensible, intolérable Ces mains arrachées, perdues à jamais, qui remplissent de rage les mains tendues vers le feu,
Ces mains jointes derrière la nuque d’adolescents à genoux face contre un mur Ces mains jointes derrière la nuque, innocentes, qui ne comprennent pas la violence des adultes,
Ces mains usées par trop d’années de labeur , qui brandissent le drapeau de la paix avant d’être violentées,
Ces mains usées par trop d’années de labeur, qui applaudissent et retrouvent le sourire au bout d’une couverture jaune au passage de gilets jaunes,
Ces mains des gilets jaunes qui bâtissent des cabanes qui appellent à la justice, qui crient leur colère, qui exaspèrent certains avec des slogans qui rendent de l’espoir à certains avec leurs devises,
Je les admire ces mains qui ne sont que l’image de ces êtres humains qui leur demandent tant depuis trop de mois.