Depuis des années, l’hôpital public se dégrade. Les personnels de santé tirent la sonnette d’alarme. Ils réclament des conditions de travail dignes qui leur permettent de mieux prendre en charge leurs patients. Ils réclament d’avantage de lits et luttent contre la suppression des services, des établissements. Les gouvernements se succèdent mais « les logiques financières font s’effondrer l’hôpital public » !
Les personnels du CHU de Saint Etienne se sont réunis à 13h ce mardi 30 Juin, comme tous les mardis depuis le 2 juin, devant les halls A et B de l’hôpital Nord pour clamer leurs colères et revendiquer des moyens conséquents et nécessaires pour la santé, le médico social et le social face au mépris du gouvernement. Ils clament: « La santé n’est pas une marchandise. L’hôpital n’est pas une entreprise !»
La crise due au Coronavirus a mis en avant de nombreux problèmes qui existaient déjà avant. Des soignants se sont retrouvés aux premières lignes et ont fait comme ils ont pu, souvent avec très peu de matériel, pour secourir les malades atteints du virus.
Ce mardi, je croise Sabine et Anne Cécile, deux infirmières depuis une vingtaine d’années, qui me confient leurs inquiétudes. Sabine m’explique : « avec le Covid, on a dû se réorganiser, ce qui est normal. Moi, cela faisait 10 ans que je n’avais pas pratiqué de soins. J’étais dans un service d’éducation thérapeutique et je me suis remise dans les soins. Je l’ai fait par solidarité avec les collègues mais cela m’a causé beaucoup de stress. Ce qui n’est pas normal c’est que nous n’étions pas consultées. Nous apprenions du jour au lendemain que nous changions de service ou qu’un service avait disparu, que nous devions travailler 12 heures de suite au lieu de 8. » Anne Cécile confirme : « Nous devrions être consultées. Nous ne voulons pas servir uniquement de pions. » Sabine reprend : « Nous aussi nous avons des idées. Nous savons ce que les patients attendent de nous. » Elles m’expliquent toutes deux pourquoi elles sont devenues infirmières, ce besoin d’être utiles aux autres, les contacts humains, et elles ajoutent qu’,aujourd’hui, elles se sentent submergées. « Les politiques nous font des promesses mais nous attendons qu’ils les concrétisent ! La période Covid est finie mais nous devons soigner tous les patients dont nous n’avons pas pu nous occuper ces derniers temps. La tâche est immense et nous manquons de temps ! Les gens ne s’en rendent pas compte car nous sommes formées pour donner le change mais il arrive un moment où nous n’en pouvons plus ! Nous voulons juste pouvoir exercer notre métier correctement avec humanité. Nous avons besoin d’être mieux considérées! Il faut dire aussi que nous sommes essentiellement des femmes dans nos services. Ce qui peut expliquer que nous ne soyons pas suffisamment entendues ! »
La CGT du CHU revendique « un plan d’emploi et de recrutement massif dans la fonction publique, il manque à Saint Etienne des psychiatres, des anesthésistes, des kinés, des infirmiers, des aides-soignants, des ambulanciers, des techniciens de laboratoire, des préparateurs en pharmacie, des manipulateurs radio, des psychologues… mais aussi des secrétaires, des ouvriers et des techniciens, des agents de bionettoyage, des agents de transports, des agents de blanchisserie, de cuisine, de service mortuaire… »
« Tous ces métiers doivent être très rapidement revalorisés !» me disent des aides soignants que je connais avant d’ajouter : « mais, regarde Fabrice, maintenant que les élections sont passées, où sont les élus ? »
A 18h, le même jour, devant la Bourse du travail de Saint Etienne, lors du rassemblement pour l’ensemble des établissements santé/action sociale du Sud de la Loire, nous avons pu remarquer la présence de quelques élus. Que feront-ils pour changer les choses quand certains d’entre eux ont soutenu (et soutiennent encore) des politiques qui ont mené aux crises que les hôpitaux publics connaissent aujourd’hui?