Pour moi, la vie n’a de sens que dans les relations humaines. Quoi de plus précieux qu’un moment de bonheur partagé entre un enfant et son papa et sa maman, ses frères et soeurs, ses grands parents, ses cousins et cousines… entre deux amoureux ou entre des ami(e)s? Quoi de plus réconfortant, dans un moment de désespoir, que de pouvoir partager sa peine avec un être cher quand ce n’est pas nous qui lui apportons la lumière, la chaleur, dont il a besoin à cet instant là de sa vie?
Aujourd’hui, nous traversons une crise qui, pour la grosse majorité d’entre nous, a et aura de terribles conséquences dans nos vies. A cause d’un virus et de l’incapacité pour nos dirigeants à y faire face, à cause de discours tenus à longueur de journées, depuis des mois, par les membres du gouvernement et les médias qui sont à leurs services, une véritable psychose s’est créée et nous sommes amenés à vivre continuellement dans la peur.
Même quand nous ne présentons aucun symptôme particulier, si ce n’est une grosse fatigue due à la période si difficile que nous traversons, nous pouvons craindre d’être porteurs du coronavirus et de le transmettre aux personnes que nous aimons ou encore de le contracter en discutant simplement avec nos voisins.
Cette crise, qui a développé notre méfiance envers notre entourage, loin d’être le fruit de la fatalité, est le résultat de politiques libérales menées depuis plusieurs décennies par des politiciens de tous bords. A Sainté Debout, nous multiplions les articles sur ce thème en réfléchissant aux moyens que nous avons de faire face aux désastres que ces politiques continuent d’entraîner et en mettant des actions solidaires en place. Je ne m’étendrai donc pas ici sur ces politiques malsaines qui nous ont amené à cette méfiance, ce système libéral qui a poussé les gens à ne se reconnaître qu’à travers leurs statuts sociaux, cette vision que mes amis et moi combattons, que ce soit au sein des gilets jaunes comme à Sainté Debout, et contre laquelle j’ai toujours lutté à travers mon métier de conteur, un métier basé sur les relations avec les autres, un métier aujourd’hui menacé comme beaucoup d’autres professions.
Non, je voudrais, encore une fois, dépasser le stade de la critique et revenir sur ce qui fait que nos vies, même dans les pires difficultés, restent de précieux cadeaux: les liens que nous tissons entre nous, des liens qu’ils nous faut à tous prix préserver.
Comme dans de nombreux articles que j’ai écrits sur Sainté Debout, j’ai choisi de vous transmettre des messages que m’ont envoyés des ami(e)s internautes ligérien(ne)s sur les réseaux sociaux et qui mettent en avant l’importance des liens que nous pouvons avoir les uns avec les autres. Nicole m’écrit: » Bonjour Fabrice, c’est triste de ne pouvoir embrasser et serrer nos petits enfants. Mon petit fils ne peut même plus aller voir son arrière Grand Mère, sa mémé comme il dit, en maison de retraite pour l’embrasser. Elle a 90 ans et ne vivra pas éternellement. » Faut-il priver nos aîné(e)s de voir leurs enfants et leurs petits enfants pour éviter qu’ils attrapent un virus? Corinne me confie: « mes petits enfants habitent loin. Il est dur pour moi d’être séparée d’eux et de ne pas les voir grandir. » Sylvie m’explique: « Je n’ai pas la chance d’être grand-mère mais ma mère est triste de ne pas avoir la visite de mes fils devenus adultes et dont elle s’est beaucoup occupée quand ils étaient enfants. » Celyn: « Je ne peux pas aller voir ma mère en Champagne, alors qu’on vient de lui diagnostiquer une grave maladie. Pourtant j’avais prévu de lui présenter mon compagnon. Après comme elle aura commencé la chimio, ça n’est pas la peine de lui emmener des bactéries mais j’ai mal… Ce virus est une catastrophe pour les liens sociaux et familiaux… » Amélie, qui a accouché récemment, souffre de ne pas avoir eu ses parents auprès d’elle pendant ce moment si particulier de sa vie et de ne pas avoir pu leur présenter encore son bébé.
Quand certains médecins parlent d’enfermer nos aînés dans leurs cuisines sont-ils vraiment conscients des paroles qu’ils prononcent? Les médias mettent en exergue les actes de certains irresponsables mais la très grosse majorité des personnes font très attention et respectent les mesures sanitaires pour éviter de risquer de transmettre le virus à leur entourage, et ceci au prix de nombreux sacrifices. Il est donc insupportable pour beaucoup d’entre nous d’entendre le président de la République et les membres du gouvernement s’adresser à nous comme si nous étions des enfants!
Je terminerai cet article en vous confiant un moment particulièrement fort de ma vie. J’adorais mon père et une leucémie l’a emporté, il y a bientôt 13 ans. J’allais le voir tous les jours et nous avons passé son dernier Noël ensemble en famille. Il était condamné, nous le savions, et je crois que j’aurais bravé tous les interdits pour pouvoir le soutenir jusqu’au bout. Je ne regretterai jamais d’avoir vécu ses derniers instants à ses côtés.
Bon courage à toutes et à tous,
Amitiés,
Fabrice