Des mots pour des « maux » un jour de manifs!

   Ce samedi 5 décembre était une journée de revendications et, à Sainté, différents syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires, CNT…) et plusieurs associations humanitaires dont La Ligue des droits de l’Homme, la libre pensée, ATTAC, Alternatiba 42, le collectif stéphanois contre l’islamophobie et pour l’égalité ainsi que les aides à domicile, des politiques (les communistes et la France Insoumise) appelaient la population à se mobiliser à la fois contre le chômage et la précarité (à 14h devant la Bourse du Travail) et contre la loi « Sécurité Globale » à 15h place Jean Jaurès. Quelques centaines de personnes s’étaient donc retrouvées. Je me méfie des rassemblements en période de pandémie mais comme, à Sainté Debout, nous sommes pleinement solidaires de ces manifestations, je suis allé jouer mon rôle de « reporter » et interviewer quelques personnes. Je connaissais les représentants des syndicats, les politiques présents et de nombreuses personnes des associations mais, étant donné, qu’ils ont déjà la possibilité de s’exprimer à travers les médias, j’ai préféré donner la parole, en grande partie, à des personnes qui ne l’ont jamais.

  J’ai d’abord discuté avec Bénédicte, 51 ans, agent territorial à temps partiel. Elle n’appartient à aucune organisation syndicale ou politique mais elle souhaitait participer à cette manifestation en soutien à tous les gens qui sont dans la galère et subissent les incohérences du gouvernement. « Quand un ministre est capable de nous dire blanc, noir et gris dans la même phrase, on ne sait plus où on en est ! Nous vivons vraiment une période très dure. Noël arrive mais personne n’a le cœur à faire la fête et nous sommes nombreux à ne pas en avoir les moyens ! » En tant qu’intermittent du spectacle, je confirme les propos de Bénédicte. Très remontée contre le gouvernement mais aussi les précédents, elle ajoute : « Il y a aussi un vrai manque de reconnaissance et ce n’est pas que au niveau national ! Depuis très longtemps, Nous ne sommes pas écoutés par les élites ! » Patrick, 57 ans, qui travaille dans le nettoyage : « C’est mal payé ! Il n’y a pas de possibilité d’évolution et nous sommes pris pour des imbéciles ! » Plusieurs jeunes me parlent aussi du manque de reconnaissance et de leurs difficultés à imaginer l’avenir même proche ! Je croise Rémi qui est venu pour demander « des plans et des droits qui profitent à tout le monde ! »

   Je retrouve aussi des amis de Sainté Debout dont Marie, retraitée de 62 ans, qui en « a gros sur la patate » et voudrait que « ce gouvernement tombe avant les élections » ! Elle me confie qu’elle n’en peut plus : « Il y a vraiment trop de misères, trop de gens qui le 15 du mois n’ont plus rien à manger ! Quand je vois que des gens meurent dans la rue alors que des immeubles sont vides, cela me tue ! Quand on voit que les riches continuent de s’enrichir alors que la grosse majorité d’entre nous est en train de s’enfoncer, on ne peut qu’être en colère ! Il y en a marre ! Il faudrait nationaliser certaines entreprises, travailler moins d’heures. Ce qui permettrait de donner du travail à tout le monde ! » Marie me parle de la difficulté qu’elle a à traverser cette période : « Je suis quelqu’un qui aime les gens, qui aime discuter avec eux, prendre un café avec des amis et là ne plus voir personne c’est très dur pour moi ! Je me sens éloignée de tout ! Nous sommes entrés dans la période de Noël et, quand je sors dans la rue, je vois que des gens malheureux. Il n’y a pas de lumière, il n’y a pas le marché de Noël. C’est triste ! Ma fille a 23 ans, elle travaille dans une entreprise de plastiques pour payer ses études mais les universités sont fermées ainsi que les lieux de loisirs ! C’est très dur car nous ne savons pas de quoi sera fait demain ! »



   J’ai ensuite discuté un bon moment avec Christian que je connais en tant que gilet jaune. C’est un retraité du bâtiment qui, après avoir travaillé en usine pour faire de la chaudronnerie, de la métallerie, de la soudure, suite à des ennuis de santé, a travaillé avec la coopérative Cabestan qui regroupe les petits artisans. Aujourd’hui, ce qui l’inquiète le plus « c’est que le gouvernement prend des décisions sans consulter personne ! C’est très grave ! » Je lui ai demandé comment il vivait cette crise et il m’a confié : « Pour moi, comme pour tous les petits retraités, c’est compliqué parce que le coût de la vie augmente mais pas les retraites ! J’ai acheté une petite maison mais j’ai du mal à payer les crédits, plus les factures… ! Je ne suis pas le plus à plaindre mais, petit à petit, j’ai peur de ne pas y arriver ! Je crois que la situation d’aujourd’hui est plus grave que ce que nous pensons! »

   Voici quelques témoignages que j’ai recueillis aujourd’hui. Si, vous aussi, vous habitez dans la région stéphanoise et que vous souhaitez, comme Bénédicte, Patrick, Rémi, Marie, Christian et d’autres, vous exprimer sur Sainté Debout, n’hésitez pas à nous écrire.