Ce samedi 16 octobre, à Sainté, après avoir aidé des ami(e)s gilets jaunes à reprendre le rond point de Monthieu et après que nous en ayons été chassés par des « forces de l’ordre » qui menaçaient de nous matraquer, j’ai rejoins « La Gueule Noire », un espace autogéré, social et solidaire, ouvert depuis septembre 2011, qui regroupe un ensemble d’individus et de collectifs, réunis autour de valeurs anarchistes. Ce jour-là, ses membres ont invité des zapatistes venus tout droit du Mexique.
Après un délicieux repas « à la bonne franquette » (encore un grand merci à toutes les personnes qui l’ont préparé), Danielle, qui a participé à la naissance de « La gueule noire » nous présente le lieu, les collectifs qu’il accueille et les différentes actions qui s’y déroulent. Ces collectifs luttent contre toutes les formes d’exclusions et d’oppressions « qu’elles soient politiques, raciales, sexuelles, économiques ou religieuses ». Elle nous explique qu’à « La Gueule Noire » différentes alternatives au système du pouvoir et de l’argent sont expérimentées et que les personnes qui y viennent luttent contre le fascisme, le racisme, l’exploitation animale, le capitalisme, le nucléaire… L’autofinancement de ce lieu garantit l’indépendance politique de ses membres. Chloé ajoute qu’ « après la période de confinement que nous venons de traverser, les collectifs ont un peu de mal à fonctionner mais que tout est en train de repartir », Elsa nous parle de « L’Envolée » qui est à la fois un journal et une émission de radio anti-carcérale animée par des ex-détenus pour relayer la parole des prisonniers et établir des liens entre l’intérieur et l’extérieur des prisons, Marija de différents collectifs de soutien aux sans papiers, aux personnes isolées… Nous sommes environ une cinquantaine et tous ceux qui le souhaitent peuvent intervenir pour mettre en avant les actions auxquelles ils participent.
Après diverses interventions, la parole est donnée aux zapatistes. Deux personnes nous traduisent les témoignages poignants de ces descendants des mayas qui « ont toujours été en résistance et qui portent leur culture en eux ». Les zapatistes nous expliquent que 173 de leurs « companeros » traversent, comme eux, l’Europe pour partager leur histoire et celle de leurs parents et grands parents qui travaillaient, comme des esclaves, dans des champs de café, de maïs, de cannes à sucre des haciendas jusqu’à nos jours, en passant par la révolution de 1994. Cette révolution, débutée en pleine jungle grâce à 6 hommes, 3 indiens et 3 métis, où ils ont mis en avant l’esprit communautaire, la gestion collective, la revendication des identités, la défense de la nature, la libération des femmes et la solidarité internationale. A partir de fin 1994, ils ont instauré des communes autonomes autogérées dans le but de rendre leur fierté aux peuples indigènes. Leurs témoignages de souvenirs douloureux sont poignants. En les écoutant, je me demande comment ces personnes ont pu survivre dans de telles conditions, victimes de tant d’injustices et d’atrocités. En dehors de leurs terribles récits, certaines de leurs phrases résonnent en moi : « l’Esprit Révolutionnaire se porte dans les Cœurs » « Les zapatistes se sont levés pour la vie et non pour la mort »…
Merci pour le combat que vous avez mené companeros et pour tous ces témoignages. Nous ne vous oublierons pas !