Avec Sylvain Begon, en 2016, nous avions beaucoup sympathisé lorsque j’avais lancé un mouvement citoyen sur la vallée du Gier et qu’il était venu me rejoindre avec son association « Les Eco-citoyens ». Nous sommes depuis toujours restés en contact et j’ai eu plaisir à l’interviewer…
Bonjour Sylvain, pourrais-tu te présenter à nos lecteurs en quelques lignes ?
Bonjour Fabrice, je m’appelle Sylvain Begon, j’ai 21 ans. Je me définis volontiers comme un citoyen engagé, et ce depuis mes 15 ans, surtout dans des causes qui me tiennent à cœur, comme l’écologie, la laïcité et la vertu en politique. Je suis un amoureux de la République, de la France et de la Loire. Je suis avant tout profondément Humaniste.
Les français sont, en général, très déçus par les politiques de tous bords et ont tendance, d’une façon générale, à garder leurs distances vis à vis de ce monde un peu particulier, pourtant la politique concerne tout le monde dans son quotidien…
Oui, c’est évident ! Tout est politique ! La politique est l’affaire de tous ! La vraie démocratie, je crois, consisterait à ce que chacun, peu importe son bord politique, puisse prendre la parole, faire des propositions sur ce qui le concerne et ne pas laisser les décisions aux seuls élus. Malheureusement, Le monde de la politique est souvent très lié à celui des affaires… C’est ce qui fait que les gens se détournent du milieu politique !
Puisque tu parles de démocratie, tu sais qu’à Saint Etienne, le maire et ses adjoints ont complètement vidé de leurs sens les comités de quartiers. Ce ne sont plus les habitants des différents quartiers qui choisissent leurs représentants mais les élus qui choisissent eux-mêmes leurs interlocuteurs dans les quartiers. Qu’en penses-tu ?
Le projet de Monsieur Perdriau est de court-circuiter les associations, que les politiques macroniennes conduisent à la disette, car il ne veut pas entendre d’autres vérités que la sienne. Peut-être a-t-il peur de se rendre compte que ses projets sont contestés par les citoyens ? Je ne connais personne par exemple, qui apprécie l’augmentation du prix des transports, et la désertification autant humaine que culturelle dans le centre-ville ! J’en profite pour adresser un salut fraternel à tous ceux qui font vivre Saint Etienne, et que les élus méprisent ou oublient ! Je pense aux artistes de rue, aux associations, aux MJC, et aux journalistes indépendants qui font battre le cœur de Saint Etienne ! Il n’y a pas que les élus qui ont des idées. De mon côté, je crois à l’intelligence collective et à l’émulation. Les bonnes idées viennent de partout, mais d’abord des gens de terrain, qui connaissent la situation. La vérité vient souvent du peuple. Ne pas la considérer est une marque de mépris.
Sur une autre question, je sais que l’écologie est un thème qui te tient très à coeur. Le dernier communiqué de l’association « L’avenir en commun dans le Forez » dont tu es le porte-parole nous invite à ne plus nous soumettre aux lobbys afin de sauver notre écosystème. Peux-tu nous dire quelle est ta vision de l’écologie?
Je suis profondément optimiste et profondément inquiet. Derrière cette antithèse, il y a une vraie vérité. Je crois que l’avenir de notre écosystème est menacé. J’ai peur et je m’alarme des désastres climatiques : la peur des accidents nucléaires, de la gestion des millions de réfugiés climatiques, des effets de la pollution sur les plus fragiles, de la chaleur sur les plus âgés. Je m’alarme de l’inaction gouvernementale et européenne pour l’écologie. Mais je reste optimiste, car c’est un défi technique enthousiasmant pour la jeune génération dont je suis. C’est l’occasion de nous unir dans un but commun, de ressouder la nation et la terre entière, pour sauver ce qui peut encore l’être. Il y a le défi des énergies renouvelables, mais aussi celui de la fraternité et de l’universel, car le changement climatique concerne tout le monde. Je trouve qu’il y a de superbes idées comme la planification écologique et la règle verte (on ne prend pas plus à la nature que ce qu’elle ne peut elle-même reconstituer). Face aux individualistes et consuméristes qui veulent du chacun pour soi, je veux du « tous ensemble ».
Penses-tu que le président de Saint Etienne métropole, Mr Perdriau, ainsi que ses adjoints, s’intéressent suffisamment aux questions de l’environnement ? Et si non, que pourraient-ils faire de plus ?
C’est triste à dire, mais je ne peux même pas répondre à ta question, car je n’ai jamais entendu Monsieur Perdriau parler d’écologie et agir dans ce sens ! Cela signifie tout de même un vide politique, et un je m’en foutisme assumé. Il n’était pas là non plus à la marche sur le climat. J’en profite pour dire que je trouvais grotesque la présence de la République en Marche, (portée par la voix de Magalie Viallon) à cet événement , à la limite du « foutage de gueule » tant ils sont responsables de l’inaction écologique dans ce domaine. Au final, tous les citoyens se sont rendus compte de leurs ridicules. Comme les Macronistes, Monsieur Perdriau est aussi en faveur de l’A45, qui pourrait être le nouveau grand scandale écologique national après Notre Dame des Landes. Si j’étais à sa place, je commencerai par des créations de pistes cyclables, la promotion de la monnaie locale « le lien », j’organiserai un festival de l’écologie et du bien vivre. J’aiderai à l’installation d’épiceries vertes, je ferai la promotion des cantines bio et locales dans les écoles et collectivités publiques. J’améliorerai l’entretien des parcs, et je mettrai fin à la bétonisation des places du centre-ville. Je remettrai en place une régie publique de l’eau, et je rendrai gratuits les transports en commun, car au final cela dynamise le centre-ville et l’activité des commerçants, et c’est une vraie économie pour tous les ménages ! Tout cela est faisable, la preuve : c’est ce qu’a fait la ville de Châteauroux et c’est ce que fait Grenoble.
Sur un autre sujet, as-tu un point de vue général sur la création de la métropole stéphanoise?
La création de la Métropole est actée. Mais, je tiens à dire, qu’en tant que candidat en 2015 (à l’époque du Front de Gauche), j’avais, avec mon équipe, alerté la population sur les conséquences d’une telle création. Le département en tant que structure politique n’existe plus, ou presque plus et ses compétences sont chaque jour un peu plus grignotées ! La métropole aspire tout, les intercommunalités (non élues directement) aussi. Ces nouveaux échelons rajoutent du « millefeuille administratif » toujours plus complexe. Encore une fois, les grandes villes monopolisent les subventions pour construire des patinoires, alors que les communes rurales et de banlieues souffrent de l’abandon des politiques ! J’ajoute que c’est aussi un manquement pour la démocratie, car le pouvoir s’éloigne des citoyens (encore une fois !).
Souhaiterais-tu rajouter quelque chose sur un sujet que nous n’avons pas encore abordé ?
Oui, je voudrais parler de l’Union Européenne, car ce sujet concerne les ligériens et les stéphanois beaucoup plus qu’ils ne le croient. Dans l’UE, les traités européens sont les maîtres absolus et 80 % des lois sont en vérité d’origine européenne ! Ainsi, lorsque la loi NOTRE est passée construisant la grande région et rendant le pouvoir plus opaque, antidémocratique et éloigné des citoyens, c’est l’Europe qui le souhaitait. La gestion privée de l’eau, les privatisations multiples (SNCF – Autoroutes – La Poste), la réduction du budget des écoles, des hôpitaux et j’en passe sont toutes des propositions imposées au niveau européen. On pourrait élargir encore cela, avec l’allongement de la durée de cotisation, la continuation du glyphosate etc. Ainsi, il n’y a pas d’avenir économique, laïc, social et surtout écologique, dans les traités européens ! Il nous faut donc en sortir. Ceux qui vous disent que ces volontés sont conciliables avec les traités vous mentent.
Quel est ton souhait pour la région stéphanoise ?
J’aimerais que l’on retrouve notre fierté stéphanoise et de l’espoir en notre avenir. Il est temps de nous unir ! Il est temps de nous rassembler et de nous fédérer autour de propositions fortes et censées. Personnellement, je suis prêt à échanger et accueillir toutes les bonnes volontés, tous les ralliements, pour construire un Avenir en commun. Il faut que cesse le temps des divisions. Ceux qui font chacun leurs mouvements et partis dans leur coin, trahissent leurs électeurs et ce pourquoi ils luttent. A l’inverse, nous pouvons faire des propositions de bon sens, qui fédèrent. Voici les miennes :
Je pense qu’il faut dynamiser culturellement Saint Etienne, qu’il faut rendre la ville plus propre, et redynamiser son centre-ville, qu’il faut donner plus de poids aux associations locales et de pouvoirs aux citoyens, qu’il faut rendre les cantines bio et locales… Il est temps que le bon sens l’emporte, car on peut faire des choses utiles et unir les stéphanois dans un horizon commun ! Il est temps que nous retrouvions notre fierté d’être stéphanois !
Un grand merci Sylvain d’avoir répondu à mes questions…
Un grand merci à toi pour tout le travail que tu fais. Encore une fois, il est important de donner la parole à tous les habitants de la région stéphanoise !