Gabrielle Crépin, plus connue dans le quartier du Soleil sous le nom de Gaby Avon est avant tout une amie qui participe activement au groupe « Mémoire du quartier du Soleil » à Sainté.
Bonjour Gaby, peux-tu tout d’abord te présenter à nos lectrices et à nos lecteurs?
Bonjour Fabrice, je suis née en 1943, rue Eugène Muller, près de Châteaucreux, ma petite enfance a été marquée par le bombardement du 26 mai 1944. Mon père était employé à la SNCF. Après avoir été à l’école maternelle et primaire libre du Soleil (devenus l’école et le collège Saint Vincent de Paul), puis au collège et au Lycée Tézenas du Montcel, je suis embauchée en 1960 comme sténo-dactylo et employée de bibliothèque à l’Hôtel des Ingénieurs, au service des élèves et des anciens élèves de l’Ecole des Mines. J’y apprends le métier de correctrice qui me conduira plus tard à l’imprimerie Dumas.
La première fois que nous nous sommes rencontrés, tu m’as parlé de la JOCF (Jeunesse Ouvrière Chrétienne Féminine) qui t’avait beaucoup marqué, peux-tu en dire quelques mots?
la JOCF a façonné mon caractère en valorisant l’importance du vivre ensemble, le sens de la dignité, celui de la justice et de la dignité. C’est à la JOCF que je rencontre Maurice. Animés d’un même idéal, nous nous marions en 1964.
Et vous choisissez d’habiter dans le quartier du Soleil?
Oui, nous ne quitterons plus jamais ce quartier. Nous aurons trois enfants dont deux sont décédés.
(Gaby me parle de ces décès mais préfère que ces épisodes de son passé restent entre nous, ce qui se comprend et se respecte. Elle poursuit sur ses activités.)
J’ai travaillé à mi-temps. Ce qui m’a permis de faire de la catéchèse et dans les années 80, licenciée de l’Imprimerie, je m’engage alors au service des aumôneries scolaires puis à celle de l’hôpital Nord que je quitterai pour des raisons de santé après le décès de notre fils aîné.
Ayant cessé mon activité professionnelle, je reste active sur mon quartier au sein de la paroisse, du Comité de quartier, de la Maison de quartier avec le groupe « Mémoire du Soleil » et à l’association des parents endeuillés « Jonathan Pierres Vivantes ».
Ta foi en Dieu a-t-elle toujours joué un rôle important dans ta vie?
Oui, je cherche sans cesse à approfondir ma foi, ma religion étant pour moi une aventure d’amour qui donne sens à la vie.
Avec la mort des miens, il a fallu apprendre à vivre entre le passé et le présent, entre l’immense chagrin et la souffrance du grand malheur de leur absence. La vie continue, à la fois plus fragile et plus forte avec la tendresse de ma famille et aussi grâce à tout ce que j’ai pu partager avec mes compagnons de route sur mon quartier, dans les associations et partout où j’ai la chance de les rencontrer.
Que penses-tu aujourd’hui de l’évolution de ce quartier et comment envisages-tu son avenir?
J’apprécie beaucoup la ligne de tram et l’installation prochaine d’une maison de santé mais je suis désolée de voir encore tant d’insalubrité et la disparition du petit commerce.
Dans le livre « Le Soleil, Histoires et mémoires d’un quartier », on peut découvrir qu’il y a eu, il y a maintenant plusieurs décennies, 49 commerces d’alimentation, 28 boutiques dite d’équipement de la personne, regroupant tous les commerces de vêtements, de linge personnel, les marchands de chaussures et d’accessoires… Que reste-t-il de cette époque dont Gaby me parle avec une certaine nostalgie.
As-tu envie de délivrer un message à nos lescteurs/lectrices et si oui lequel?
Comme le souhaite le Comité de quartier, j’espère que son cri lancé depuis 1974 « Le quartier du Soleil veut vivre » ne sera pas ignoré des élus ni des mots écrits en vain et que nombreux se lèveront pour prendre conscience qu’une main n’applaudit pas toute seule.
Merci Gaby d’avoir pris le temps de me confier tout cela
Merci à toi Fabrice