Bonjour Madame Magali Badiou, vous êtes secrétaire générale du syndicat CGT des territoriaux de la ville de Saint Etienne, quelle est la position de votre syndicat vis à vis de la situation des EHPAD en France ?
Notre position est de laisser la place libre aux agents syndiqués ou pas pour défendre les résidents et de les soutenir dans leurs actions. L’important est le bien être de nos aînés !
Quelle est pour vous le problème majeur dans les EHPAD?
De nos jours, les EHPAD sont dirigées par des gestionnaires limités par un budget qui les conditionne à restreindre la qualité de vie des résidents.
Quelle vision les agents vous rapportent-t-ils de cette gestion sur le terrain ?
Je ne vous parlerai pas de la souffrance de tous les corps de métier qui oeuvrent au contact même des résidents, mais une des conséquences qui m’est le plus souvent rapportée est les glissements de tâches. Je vous donne un exemple sur lequel notre syndicat est intervenu plusieurs fois et qui perdure toujours : « du personnel non diplômé donne à manger aux résidents « .
Pensez vous que votre syndicat ait un grand rôle à jouer concernant la situation des EHPAD en France?
Évidemment , depuis que la CGT a été alertée sur les conditions de travail dans les EHPAD, de nombreuses actions ont été entreprises pour les améliorer. Il ne faut pas oublier que la journée du 30/01/18 a été portée par la CGT. Localement, la CGT place la souffrance des résidents au coeur du problème. De ce fait, cela nécessiterait la mobilisation de tous et non pas que de notre syndicat.
Le problème des EHPAD vous tient très à coeur…
Tous les protocoles des EHPAD le prouvent. Ils ne sont plus adaptés au rythme de vie du soigné mais au nombre de soignants capables de l’appliquer.
Les familles des résidents souffrent, elles aussi, de cette situation dans laquelle se retrouvent leurs parents…
Oui, on ne parle pas assez de la souffrance des familles qui sont elles aussi touchées de plein fouet. Leur attente au niveau de la prise en charge est mise à mal. Cela accroît leur sentiment de culpabilité et entraîne une perte de confiance vis à vis du personnel et souvent, celle ci se traduit par de l’agressivité. Les familles se sentent prises en otage parce qu’on leur fait comprendre que les places en résidence sont rares.
Monsieur Malik Khammar, délégué CGT et soignant à la ville de Saint-Étienne, lors de l’interview que j’ai réalisée auprès de lui, insistait sur « des prises en charge indignes « , qu’elle est votre avis sur la question ?
Pour les métiers du soin la conscience professionnelle est reliée aux valeurs humaines du soignant. Lorsque l’on fait ce travail et que tout est géré par le timing, on ne peut pas estimer faire un travail correct alors que la souffrance morale des résidents suinte par tous leurs pores. La notion de soins indignes se résume au fait que ces résidents isolés dans les EHPAD ne peuvent se plaindre qu’au personnel soignant et celui ci ne peut pas l’écouter car il est pressé par le temps.
Pour finir, avez vous des éléments supplémentaires à me fournir pour mieux comprendre le problème des EHPAD vu par la CGT des territoriaux?